Toute mon enfance, ma mère m’a régulièrement répété qu’il est préférable d’éviter de se trouver et de roder dans certains endroits.
Je me prénomme Matou, pas très original comme prénom ! Mais, l’avantage est que chaque personne que je croise sur mon chemin se trompe rarement en m’appelant. Je vis à Sannois; il parait que c’est une commune dans le Val d’Oise ou les immeubles fleurissent au détriment des maisons. A vrai dire, je ne m’en suis pas rendu compte lors de mes sorties nocturnes. Ce sont mes maîtres qui en parlent avec nos voisins. C’est le sujet du moment !
Je vis paisiblement, tantôt dehors, tantôt dedans, au gré de mes envies et des bruits environnants. J’habite à proximité d’un stade de foot et d’une école. Ah ! Je sais quand l’heure de la récréation a sonné, quel chahut ! Et ces cris stridents ! J’aime me cacher sous les ambulances garées devant chez moi, j’ai toute la place que je veux sans que l’on puisse me voir, me chatouiller le museau ou me tirer la queue. J’ai pleins de copains et quelques copines plus ou moins sympathiques. Parfois, on se chamaille, je sors mes griffes, mon poil gris argenté s’hérisse, mes yeux se font menaçants, je suis prêt à bondir ! Mon territoire, c’est mon territoire et ma gamelle on n’y touche pas ! Un nouveau chat a débarqué dans le quartier, il parait qu’il me ressemble comme deux gouttes d’eau au premier coup d’œil. Mes maîtres trouvaient que je mangeais beaucoup ces derniers temps mais en fait ce chat finissait mon auge ! Fort heureusement, ils s’en sont aperçus ! L’autre chat est plus mince et plus jeune. Je ne vois pas ce qu’ils entendent par-là ?
A la nuit tombée, les rues sont désertes, la ville est illuminée par les réverbères, mon moment préféré pour partir en balade ! Je croise de temps en temps des compagnons de routes. J’aime me promener dans les rues avoisinantes. Puis, je me dirige vers la gare. J’apprécie particulièrement le bruit des trains qui glissent sur les rails. Je continue vers Saint-Gratien mais je ne dépasse jamais cette frontière invisible. Je reviens sur mes pas et je fais un arrêt au parc devant le Monoprix au cas où je croiserais de nouveau cette jolie chatte rousse aux yeux verts que j’ai vu la semaine dernière. Je monte ensuite tranquillement vers le moulin, je ne traverse pas les bois, je longe la grande route car je suis un peu trouillard. Mes yeux sont grands ouverts, à l’affut d’une souris perdue qui passerait par là. J’adore leurs courir après et les attraper afin qu’elles deviennent mon trophée de chasse ! J’arrive enfin au moulin et je vais jusqu’à ce restaurant réputé parait-il … car je n’ai pas encore eu le plaisir de déguster un petit reste de crevettes ! J’admire cette vue magnifique de Paris et sa Tour Eiffel qui scintille. J’aimerais bien y aller un jour mais cette ville me semble bien loin d’ici et j’ai peur de ne pas être assez robuste. Je rebrousse chemin doucement mais suffisamment vite pour être rentré à l’heure, avant le réveil de mes maîtres. Car je sais quand ils ne me voient pas avant leur départ au travail, ils s’inquiètent.
Je suis à présent bien au chaud, je vais aller me désaltérer et me restaurer avant de faire ma toilette et me prélasser une bonne partie de la journée au pied de la cheminée. C’est bizarre ! Je n’ai jamais vu ce bol rose bonbon à pois! Qu’il est moche ! Et cette petite fille douce qui s’approche de moi ! Douce pas si douce brandissant son rouleau à pâtisserie dans ma direction … Sauves qui peut je suis rentré chez la voisine !
Je te retrouve tellement dans ce style d’écriture.
Une histoire de chat ! J’adore.
Bravo d’avoir osé
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Excellentissime ! Quelle belle histoire ! Et le point de vue est très original : celui du matou !
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Merci Sana ! Ce ne fut pas un exercice facile mais fort intéressant.
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