Manolo est amérindien. Il est arrivé en Espagne, à Barcelone plus exactement, un peu par hasard. Jusqu’alors, il vivait avec sa mère à la frontière mexicaine. Quand un jour, son père, si peu présent depuis un certain nombre d’années, décida de prendre sa vie en main et de l’embarquer en Europe. Je ne dirais pas de force mais un peu quand même puisqu’on ne lui a pas laissé le choix. On lui a simplement dit : « C’est pour ton bien ! ».
Manolo est un jeune homme a qui on donne difficilement un âge. Il est très brun, le teint mat, grand, doté d’un corps d’athlète imposant voire impressionnant. Son visage semble paisible, ses traits sont bien dessinés, sa bouche exprime une certaine douceur. Son regard … Quel regard ! Montre une détermination, une force, une douleur cachée. Ces yeux marrons si durs et profonds ne sont peut-être qu’une façade afin de ne pas dévoiler l’homme intérieur qu’il est véritablement.
Manolo essaye de trouver ses marques dans cette ville qui a beaucoup d’attraits mais qui est si différente de sa vie d’avant. Fort heureusement, il parle couramment l’espagnol et peut ainsi se débrouiller au quotidien avec facilité. Mais, il est un peu sauvage, un peu méfiant et n’arrive pas facilement à se faire des amis. En a-t-il réellement envie ? Barcelone n’est peut-être qu’une étape ? Un passage obligé pour une vie meilleure … Ses journées oscillent entre ses cours de droit à l’université de Montjuic et ses balades dans les allées du parc Güell. Il aime s’asseoir sur ces bancs en céramique colorée et dominer la ville animée.
Moins il est chez lui, plus il est content ! Il ne s’entend pas vraiment avec son père qui veut faire de lui tout ce qu’il n’a pas réussi à construire lui-même. Manolo étouffe et sa mère lui manque d’autant plus dans ces moments là. La dernière idée de son père est de lui trouver un petit boulot afin qu’il apprenne la valeur de l’argent ! Déjà qu’il n’aime pas le droit que son père lui a imposé, que va-t-il lui dégoter ?
A partir de la semaine prochaine, Manolo travaillera tous les week-ends dans cette boulangerie réputée proche de la place du roi.
C’est le premier samedi, Manolo a mis son réveil à sonner et se lève sans trop d’efforts. Une bonne douche et un petit déjeuner sur le pouce et le voilà parti !
Manolo observe le boulanger, Pablo, façonner les baguettes, les mettre au four, les regarder prendre forme et surveiller la cuisson. Puis, il passe à la conception de ces petits gâteaux si délicieux appelés mantecados. Manolo est impressionné par la précision et la rigueur des gestes de Pablo. Les habitués du matin arrivent peu à peu et échangent quelques mots avec Isadora, dont les yeux sourient et qui a une attention pour chacun. Une atmosphère joyeuse et bienveillante se dégage. Le regard de Manolo se porte à nouveau sur le travail de Pablo, il aurait bien envie lui aussi d’essayer de façonner une miche de pain… Pablo a-t-il lu dans ses pensées quand il lui dit : « A toi de jouer maintenant ! »
Manolo rentre chez lui les yeux pétillants, la tête remplie de rêves. Cela fait bien longtemps qu’il n’avait pas passé une aussi belle journée et si riche d’enseignements.
Je serais boulanger quoiqu’en pense mon père !
Faites-vous le métier que vous aviez imaginé ?
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Nous ne ferons pas forcément le même métier toute notre vie parce que nous saisirons de nouvelles opportunités, nous nous retrouverons contraints d’en changer ou nous nous réorienterons pour nous lancer dans une nouvelle tranche de vie. Personnellement, je n’avais pas imaginé faire le métier que j’ai aujourd’hui. J’ai eu la possibilité d’évoluer en interne, d’accéder à différents postes en tant que conseillère voyages, assistante commerciale, formatrice, responsable formation jusqu’à celui que j’occupe aujourd’hui en tant que responsable recrutement. Je n’en changerais pour rien au monde tellement la richesse et la diversité de mes missions me plaisent. En revanche, j’aime le changement et me lancer dans de nouveaux projets. De ce fait, j’accueillerais avec plaisir de nouvelles missions complémentaires.
Peu importe le chemin que nous parcourons, qu’il soit linéaire ou chaotique, l’essentiel est de faire un métier qui nous plait, dans lequel nous nous épanouissons, nous enrichissons en développant nos compétences et nos connaissances. Et j’ajouterai d’exercer dans une entreprise qui correspond à nos propres valeurs.
Aimez-vous votre métier ?
À bientôt …
Belle façon de relater un parcours de vie, qui est à la fois propre à Manolo, mais aussi à de nombreuses autres personnes. Cela impose forcément la réflexion sur l’importance de travailler dans un domaine qui a du sens pour soi. Mais ce n’est pas toujours possible. Il faut parfois user de patience et de chemins de traverses. Avis aux parents : Aidez vos enfants à trouver une voie qui leur convient, à eux, pas selon vos vues 🙂
Sinon, oui, j’exerce des activités dans plusieurs domaines (scolaire, bibliothèque, aide à l’intégration), après une formation initiale dans le domaine administratif. Et je me lève chaque matin avec plaisir !
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Ce n’est pas toujours évident. Cela demande beaucoup de réflexions, de prises de conscience, de remises en questions et une fois la décision prise de persévérance ! Et parfois c’est impossible même si je n’aime pas le dire. Il faut alors essayer d’en tirer les côtés positifs et d’organiser sa vie différemment, l’enrichir en dehors du travail. Tu fais partie des personnes qui se lève bon pied bon œil, j’en suis ravie ! Mon équilibre, c’est vraiment 50/50 vie professionnelle/vie personnelle. A bientôt !
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C’est tout à fait ça. On ne se trompe pas de voie, on expérimente. Cibler le ou les domaines dans lesquels on se sent le plus à l’aise et cumuler les expériences. De cette façon, les choses se mettent souvent en place (presque) toutes seules 🙂
Tout est équilibre : travail, famille, amis, vie sociale,hobbys, etc…
Au plaisir de te lire ! Bonne soirée !
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Je viens de lire « Maïté Coiffure » de M A Murail, qui parle d’un stage fait par un ado. Il y va par obligation et se révèle doué pour la coiffure et il aime l’ambiance du salon. Même si son père s’arrache les cheveux ! le jeune héros continuera dans cette voie.
C’est un livre recommandé dans la classe de 4ème où je travaille, assise à côté d’un élève en situation de handicap. Auparavant et durant 15 ans, j’ai fabriqué des chaussures orthopédiques dans notre petite entreprise. J’ai ainsi toujours gardé une fraicheur et un intérêt pour mon travail. La retraite viendra bientôt, mais pour l’instant je suis très contente de me lever chaque matin pour rejoindre l’équipe des profs et mes petits élèves. Ce travail me plait bien.
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Pascale, je te remercie pour cette suggestion de lecture fort intéressante et également pour ton partage d’expérience. Il est important de savoir apprécier chaque situation qui nous est proposée et parfois imposée. Mais ne faut-il pas aussi avoir une belle capacité d’adaptation ? A bientôt !
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